Le Grenier fortifié d’Inoumar
Qu’est qu’un agadir ?
Agadir est un mot tachelhit qui définit un grenier fortifié collectif. Toujours construits de manière stratégique au soleil, à l’écart de tous risques d’inondations et à l’écart des voleurs, ils servaient à entreposer les diverses cultures de la région. Les huiles ainsi que les olives, figues, amandes et céréales étaient conservées précieusement dans ces greniers. Les vases recueillaient les liquides, sacs et paniers étaient utilisés pour les fruits secs, farines et céréales… Mais ils servaient également à mettre en lieu sûr les objets de valeur, les titres de propriété, etc.
L’Agadir d’Inoumar : une véritable découverte !
L’agadir d’Inoumar est un joyau de l’architecture rurale de l’Anti-Atlas. Construit il y a plus de 300 ans, vers la fin de règne du Sultan Moulay Ismaïl, ce grenier, qui s’étale sur une superficie de 5000 m2 avec plus de 295 cellules réparties en cinq vâtiments, a tout les atours d’un fort à vocation défensive, car surplombant l’oued Ourga, d’où venait l’essentiel des expéditions et des attaques inattendues dans le sillage de l’instabilité ayant marqué la fin du règne du Sultan alaouite.
S’il est vrai que la date de construction, par étapes successives, de ce grenier n’est pas historiquement établie, il importe de préciser que l’agadir d’Inoumar regroupait les biens précieux de 13 douars, avec à la clé une multitude de Louhs (tablettes sur bois ou sur papiers), définissant droits et obligations de tout un chacun (comme un règlement intérieur).
Ce monument, doté de quatre tours, de trois citernes d’eau aux alentours et de deux portes, est toujours gardé par un Amin, Mohamed Margou, un septuagénaire qui, démarche svelte et disponibilité à toute épreuve, reproduit au quotidien les gestes ancestraux de l’ouverture et de la fermeture de l’agadir avec une clé à bois, et la montée et la descente des escaliers en pierres dites “Assekfal”.
L’Amin est le nom donné au gardien (homme de confiance) de ces greniers, il connait tous les propriétaires. Son salaire d’autrefois se résumait à une part des récoltes consentie. Aujourd’hui, il compte aussi sur la générosité des touristes.