Taroudant (ou Taroudannt en Tachelhit) est une ville du sud marocain, située dans la plaine du Souss, à environ 80 kms d’Agadir. Sentinelle vigilante et gardienne orientale de la plaine du Souss, au confluent du Haut-Atlas et de l’Anti-Alas, cette ville de 70.000 habitants (Roudani) possède une histoire extraordinaire dont chaque pierre est aujourd’hui encore le témoin appliqué.

Taroudant est une des villes les plus anciennes du Maroc. Nous savons qu’ elle fut peuplée depuis les plus anciennes époques et  joua un rôle très important dans l’histoire du Souss et du Maroc en général, aussi bien pendant la période pré-islamique qu’à travers les différentes étapes de l’histoire du Maghreb musulman.

Sa fondation remonte à l’époque phénicienne, et nous y retrouvons avec certitude les traces d’un poste avancé de l’Empire romain appelé “Vala”. Ces derniers sont alors en conflit permanent avec les tribus berbères.

Taroudant est au XIe siècle la capitale d’un petit royaume chiite (royaume des Bajjalis). Annexée par les Almoravides en 1056, pratiquement indépendante sous les Almohades, elle fut notamment la capitale des princes rebelles Ben Yedder qui régnèrent sur le Souss de 1252 à 1342 ; elle est détruite en 1306 par les Mérinides. Elle connaît son apogée au XVIe siècle sous l’influence de Mohammed ech-Cheikh Saâdi, fondateur de la dynastie sâadienne, qui en fait sa capitale et une base pour ses offensives contre les Portugais installés à Agadir. Elle devient alors un centre caravanier important, célèbre pour l’abondance et la qualité de ses marchandises : sucre, coton, riz, etc.

Suite à la déliquescence de l’Etat saadien, Taroudant se trouve sous la domination du royaume du Tazeroualt, la région située entre Tiznit et Tafraoute, et, à ce titre, est la cible privilégiée des expéditions militaires menées par les sultans alaouites. Les Alaouites n’avaient pas oublié l’humiliation infligée par Abi Hassoun Semlali, prince du Tazeroualt et Cheikh de la Zaouïa Semlalia, qui avait emprisonné le fondateur de la dynastie alaouite Moulay Ali EsSharif à Iligh. Malgré une soumission théorique, le Souss pouvait encore manifester des signes d’insoumission contre le Makhzen officiel. Ainsi le Sultan Moulay Ismaïl fait massacrer une grande partie de la population roudania pour avoir soutenu son neveu, le prétendant Ahmed Ibn Mahriz, en 1687.

Comme toute la région, Taroudant a souffert de la fermeture du port d’Agadir, à partir de 1760. Elle s’est repliée derrière ses remparts jusqu’en 1912, date à laquelle le chef rebelle El-Hiba Bin Ma’a El Aïnine fit de la ville le centre de sa résistance à l’armée française jusqu’en 1914.

Aujourd’hui, Taroudant est une belle ville paisible, typiquement marocaine, un peu à l’écart des grands axes touristiques, et de ce fait protégée de la tentation de perdre son âme au profit de la rentabilité immédiate…