A une centaine de kilomètres au nord de Taroudant, sur la route de Marrakech, on entre dans une vallée étroite, escarpée, et brusquement, l’on pourrait se croire en pays cathare. Sur un premier promontoire, une kasbah, puis, accrochée à flanc de montagne, sur un replat, se confondant presque avec la roche, une petite mosquée d’à peine 50 mètres de côté, un bijou architectural, un bâtiment almohade d’une grande pureté.

La mosquée de Tinmal, puisque c’est elle, a été oubliée pendant des siècles. Pourtant c’est un des grands sites de l’histoire marocaine. Au XI° siècle, Ibn Toumert part en pèlerinage à la Mecque. Il en revient convaincu que les sultans Almoravides sont trop décadents, et doivent être renversés. C’est le début d’une longue conquête qui s’achèvera pour le Mahdi aux portes de Marrakech, dans le nid d’aigle de Tinmel, où il est enterré. Son successeur, Abd al-Moumen Ibn Ali, lui, entrera dans Marrakech, renversera les almoravides, et terminera ses conquêtes dans le Califat de Grenade.

Il donna au Mahdi un mausolée dans le village de Tinmal, et fait ériger la mosquée.

Le village devient alors un véritable centre culturel et spirituel de l’empire, un palais royal y est aussi construit, les pélerins affluent. Le site de Tinmal a aussi une grande importance stratégique, c’est l’un des verrous de la route du Tizi n’Test. Après la chute de la dynastie des almohades, Tinmal s’enfonce dans l’oubli, et sa mosquée n’est plus que ruines, qui seront magnifiquement restaurées à la fin des années 90.

Son architecture est typique de cette époque. Ses nefs sont aujourd’hui à ciel ouvert, mais il reste quelques morceaux de son plafond de cèdre, le mihrab a été lui aussi restauré. Se promener dans ces allées à ciel ouvert, entre des arcs purs et dépouillés, admirer les quelques chapiteaux floraux et décorations géométriques, c’est s’offrir un moment dans un autre monde.